Christina Oiticica
Vernissage le mardi 18 novembre 2014, dès 18h. En présence de l'artiste.
Exposition du 19 novembre 2014, jusqu'au 2 février 2015.
Une expérience sensible du temps présent.
L’atelier est l’espace dans lequel l’artiste demeure, où il instaure ses propres règles, construit une routine et une méthode de travail. Quitter l’atelier, « aller voir », percevoir l’extérieur et la nature, leurs effets sur son travail artistique : tel a été le choix de l’artiste Christina Oiticica afin de questionner son rapport au paysage et à l’histoire, dans les espaces qu’elle arpente et qu’elle parcourt.
Depuis 2002, Christina intervient directement dans la nature, Terre, « mère nourricière », symbole de féminité et de fertilité, intégrant peu à peu des éléments organiques à ses toiles, les feuilles qui s’invitent ponctuellement à l’acte de création ; témoignant d’un instant particulier, fécond, chargé d’une énergie singulière, faisant le lien entre la matière plastique et la matière organique. La terre, la boue, l’arbre, le corps de la femme sont également des éléments et symboles omniprésents dans la pratique d’une artiste latino-américaine Ana Mendieta, dont on peut rapprocher la démarche de Christina Oiticia, qui met en scène cette fascination pour le religieux, le rituel, le mythe en laissant les impressions de son propre corps dans le territoire où elle a opéré. À l’instar du travail de l’artiste du land art Richard Long, la nature est à la fois la substance et le support d’expression de Christina Oiticica, réalisant des transformations et du rapport de l’intime avec son environnement, déplaçant les matériaux sans intervention brusque, souvent à la main, donnant ainsi à son œuvre un rapport au paysage et une dimension humaine.
Les toiles, enterrées et enfouies par l’artiste dans des surfaces choisies et délimitées par elle-même, portent en elles l’histoire et la géographie du lieu, une histoire personnelle et collective, indissociable des marques et empreintes de cet espace et de chaque élément présent de cet écosystème. Christina intègre dans ses œuvres les symboles de l’amour, du cycle infini des saisons et de la vie, de la présence de cette substance inséparable de la toile, contrairement à l’artiste français Michel Blazy qui lui, choisit d’exposer la dégénérescence de matières organiques, soumises à une observation de l’éphémère. Tous deux cependant, participent à l’affirmation du vivant par l’expérience artistique, d’une œuvre en cours d’évolution et synonyme d’expérience sensible et sensorielle, créant ainsi une autopoièse, c’est-à-dire un système capable de s’autoproduire en continu, tout en formulant une identité et une présence distinctes de celles de son environnement.
Christina Oiticica, artiste-archéologue, qui par une méthode et une technique similaires à celles de l’archéologue, questionne en déterrant, fouillant, creusant à la recherche de ses toiles, des éléments passés, ayant subi directement l’épreuve du temps et les présente dans un autre temps, le temps présent. Les œuvres, véritables traces d’une expérience singulière, portent les cicatrices d’une certaine durée, d’un contexte, d’une atmosphère, sont autant d’invitations à une contemplation picturale d’un autre registre, d’expériences vécues par l’artiste, marques de l’imaginaire du lieu, du temps climatique ou du temps présent, comme un appel à partager l’univers artistique d’Oiticica et sa relation au monde.
P.G.