Nouveau Départ 4’ 33’’
Vernissage le mardi 25 mars 2014, dès 18h
Exposition du 26 mars au 9 mai 2014
avec: Constance Allen, Sabine Banovic, Fabiana de Barros, Valérie Belin, Mila Mayer, Corinne Mercadier, Catherine Rebois et Viviane van Singer
Curated by Carmen del Valle
Il serait possible de situer l'origine de cette brève chronologie du silence en 1958, quand Yves Klein inaugure l'exposition Le Vide à la galerie Iris Clert, à Paris. Klein vide complètement la galerie et n'installe aucune oeuvre. Pour le dire plus justement, l'oeuvre est ce vide, l'absence de ce qui devrait être, apparaître ou déranger.
Nous pourrions continuer ce récit en reculant de quelques années encore, pour arriver en 1952. La scène se situe alors à Woodstock, New York. Le poète, musicien et compositeur John Cage exécute pour la première fois son oeuvre 4'33'' Silence. La partition donne des ordres précis à qui se doit de la suivre et de l'interpréter: n'exécuter aucun son, aucun mouvement, en trois temps. Le résultat est quatre minutes et trente-trois secondes de silence, c'est-à-dire le paradigme de tous les silences.
La pièce Closed Gallery, de Barry, en 1969, consistait d’un carton d'invitation à son exposition sur lequel on pouvait lire "La galerie restera fermée durant toute la durée de l'exposition."
Toutes ces actions radicales prouvent l'existence de certaines contradictions dont l'actualité – nonobstant le temps écoulé et les conditions d'avant-garde qui les entouraient – ne saurait mettre en doute: la contradiction propre du mythe de l'oeuvre imperceptible, inaudible, invisible. Le silence ou le vide existe uniquement en relation avec son contraire: le vide n'existe pas sans l'objet, ainsi que le silence sans le son. Dans ces oeuvres, le silence est l'objet final; c’est la réponse à un monde selon lequel tout, ou a peu près équivaut à l’absence de communication, sauf peut-être un excès de mots.
Nouveau Départ: 4’ 33’’ se propose d'analyser la relation entre silence et l’art d'un autre point de vue: le silence ne se réfère pas au résultat, comme la négation de l'oeuvre, mais comme faisant partie intégrante et fondamentale du processus qui la constitue. (Mort à l'oeuvre, vive le processus!)
Le silence est peut-être une façon de raconter les choses.
Rien ne correspond aux apparences, tout est question de relation et de références, de motifs répétés qui suggèrent un mouvement continu. Aucune oeuvre ne possède de point de départ, aucun temps n'est complet; entier. Le lien entre les dix artistes de Nouveu Départ: 4’ 33’’ n'est pas uniquement l'usage de techniques similaires ni une esthétique proche, mais plutôt une attitude qui les lient à l'insinuation, au jeu, à l'allusion, au voir et à l'être vu, qui convertit le spectateur en invité mal à l'aise.
Ceci dit, l'exposition s'organise en trois noyaux qui abordent différents aspects conceptuels; différentes significations du silence: le silence comme espace de non-communication, comme lieu d'action et, enfin, comme espace d'intimité.
Ainsi, les oeuvres présentées passent de l'expérimentation corporelle radicale de Catherine Rebois à l'espace étouffant et lourd des chambres de Corinne Mercadier. à ceci s’oppose la suggestion formelle de Sabine Banovic. Le même sens opposé, précis et mathématique, qu'insinue le module répété dans les airs à l'infini par Constance Allen. Répétées à l'infini, sans cesse, les obsessions sont silencieuses: Sei tutto tuo padre, sei tutto tua madre, une vérité inconfortable face au miroir; et une chanson de fond obsessive, répétitive, la même phrase, le même refrain, et le reflexe de Vivianne Van Singer, les images de Mila Mayer, elles aussi sont témoin du silence: des objets désuets, ne servant plus à rien puisque personne ne parle. Cette conversation, ce qu'ils se disent ou que nous nous sommes dit, n'existe même pas dans la video de Fabianna de Barros car ses personnages ne se regardent même pas, trop concentrés qu'ils sont de continuer à avancer, escalader, monter, sans savoir exactement vers où ni pourquoi.
Ici rien ne correspond aux apparences, ici tout est question de relations, d'obsessions qu'on raconte à voix basse lors d'un après-midi gris répété mille fois. L'art est une vocation de transparence. Créer pour revenir, pour revoir les choses ou les voir comme jamais auparavant. Les revoir signifie également les redire, ou les crier, dans l'espace vide d'un cri sourd.
Carmen del Valle
Vernissage le mardi 25 mars 2014, dès 18h
Exposition du 26 mars au 9 mai 2014
avec: Constance Allen, Sabine Banovic, Fabiana de Barros, Valérie Belin, Mila Mayer, Corinne Mercadier, Catherine Rebois et Viviane van Singer
Curated by Carmen del Valle
Il serait possible de situer l'origine de cette brève chronologie du silence en 1958, quand Yves Klein inaugure l'exposition Le Vide à la galerie Iris Clert, à Paris. Klein vide complètement la galerie et n'installe aucune oeuvre. Pour le dire plus justement, l'oeuvre est ce vide, l'absence de ce qui devrait être, apparaître ou déranger.
Nous pourrions continuer ce récit en reculant de quelques années encore, pour arriver en 1952. La scène se situe alors à Woodstock, New York. Le poète, musicien et compositeur John Cage exécute pour la première fois son oeuvre 4'33'' Silence. La partition donne des ordres précis à qui se doit de la suivre et de l'interpréter: n'exécuter aucun son, aucun mouvement, en trois temps. Le résultat est quatre minutes et trente-trois secondes de silence, c'est-à-dire le paradigme de tous les silences.
La pièce Closed Gallery, de Barry, en 1969, consistait d’un carton d'invitation à son exposition sur lequel on pouvait lire "La galerie restera fermée durant toute la durée de l'exposition."
Toutes ces actions radicales prouvent l'existence de certaines contradictions dont l'actualité – nonobstant le temps écoulé et les conditions d'avant-garde qui les entouraient – ne saurait mettre en doute: la contradiction propre du mythe de l'oeuvre imperceptible, inaudible, invisible. Le silence ou le vide existe uniquement en relation avec son contraire: le vide n'existe pas sans l'objet, ainsi que le silence sans le son. Dans ces oeuvres, le silence est l'objet final; c’est la réponse à un monde selon lequel tout, ou a peu près équivaut à l’absence de communication, sauf peut-être un excès de mots.
Nouveau Départ: 4’ 33’’ se propose d'analyser la relation entre silence et l’art d'un autre point de vue: le silence ne se réfère pas au résultat, comme la négation de l'oeuvre, mais comme faisant partie intégrante et fondamentale du processus qui la constitue. (Mort à l'oeuvre, vive le processus!)
Le silence est peut-être une façon de raconter les choses.
Rien ne correspond aux apparences, tout est question de relation et de références, de motifs répétés qui suggèrent un mouvement continu. Aucune oeuvre ne possède de point de départ, aucun temps n'est complet; entier. Le lien entre les dix artistes de Nouveu Départ: 4’ 33’’ n'est pas uniquement l'usage de techniques similaires ni une esthétique proche, mais plutôt une attitude qui les lient à l'insinuation, au jeu, à l'allusion, au voir et à l'être vu, qui convertit le spectateur en invité mal à l'aise.
Ceci dit, l'exposition s'organise en trois noyaux qui abordent différents aspects conceptuels; différentes significations du silence: le silence comme espace de non-communication, comme lieu d'action et, enfin, comme espace d'intimité.
Ainsi, les oeuvres présentées passent de l'expérimentation corporelle radicale de Catherine Rebois à l'espace étouffant et lourd des chambres de Corinne Mercadier. à ceci s’oppose la suggestion formelle de Sabine Banovic. Le même sens opposé, précis et mathématique, qu'insinue le module répété dans les airs à l'infini par Constance Allen. Répétées à l'infini, sans cesse, les obsessions sont silencieuses: Sei tutto tuo padre, sei tutto tua madre, une vérité inconfortable face au miroir; et une chanson de fond obsessive, répétitive, la même phrase, le même refrain, et le reflexe de Vivianne Van Singer, les images de Mila Mayer, elles aussi sont témoin du silence: des objets désuets, ne servant plus à rien puisque personne ne parle. Cette conversation, ce qu'ils se disent ou que nous nous sommes dit, n'existe même pas dans la video de Fabianna de Barros car ses personnages ne se regardent même pas, trop concentrés qu'ils sont de continuer à avancer, escalader, monter, sans savoir exactement vers où ni pourquoi.
Ici rien ne correspond aux apparences, ici tout est question de relations, d'obsessions qu'on raconte à voix basse lors d'un après-midi gris répété mille fois. L'art est une vocation de transparence. Créer pour revenir, pour revoir les choses ou les voir comme jamais auparavant. Les revoir signifie également les redire, ou les crier, dans l'espace vide d'un cri sourd.
Carmen del Valle
Constance Allen
Née en 1982 à Genève, vit à Genève
57.1 x 91, 2014
fils de nylon et acier, pigment noir ivoire
7.9 x 7.9 m
site spécifique
Née en 1982 à Genève, vit à Genève
57.1 x 91, 2014
fils de nylon et acier, pigment noir ivoire
7.9 x 7.9 m
site spécifique
Sabine Banovic
Née en 1973 à Gena, vit à Berlin
Morgenlied (morning song), 2014
Ink and pigmented marker on paper
249 x 143 cm
Née en 1973 à Gena, vit à Berlin
Morgenlied (morning song), 2014
Ink and pigmented marker on paper
249 x 143 cm
Fabiana de Barros
Née en 1957 à Sao Paulo, vit à Genève
Tree Dance, 2010
Vidéo sur DVD – PAL4 :3 – silent – 9 minutes – autoplay – autoloop
étiditon à 5 exemplaires, numérotes et 3E.A.
Née en 1957 à Sao Paulo, vit à Genève
Tree Dance, 2010
Vidéo sur DVD – PAL4 :3 – silent – 9 minutes – autoplay – autoloop
étiditon à 5 exemplaires, numérotes et 3E.A.
Valérie Belin
Née en 1964 à Boulogne-Billancourt, vit à Paris
Série Argenteries, 1994
Tirage argentique contrecollé sur aluminium
édition à 3 exemplaires + 2 épreuves d’artiste,
8x 11,7 cm
Née en 1964 à Boulogne-Billancourt, vit à Paris
Série Argenteries, 1994
Tirage argentique contrecollé sur aluminium
édition à 3 exemplaires + 2 épreuves d’artiste,
8x 11,7 cm
Corinne Mercadier
Née en 1955 à Paris, vit à Paris
Série Intérieurs, 1998-2000
Série de 14 photographies
Ed. 5 examplaires
80 x 82 cm
Née en 1955 à Paris, vit à Paris
Série Intérieurs, 1998-2000
Série de 14 photographies
Ed. 5 examplaires
80 x 82 cm
Mila Mayer
Née en 1966 à Rio de Janeiro, vit à Sao Paulo
Sintonia 1, 2014
c-print sur diasec
étiditon à 5 exemplaires, numérotes et 2E.A.
100 x 150 cm
Née en 1966 à Rio de Janeiro, vit à Sao Paulo
Sintonia 1, 2014
c-print sur diasec
étiditon à 5 exemplaires, numérotes et 2E.A.
100 x 150 cm
Catherine Rebois
Née en 1960 à Nantes, vit à Paris
Un corps et un esprit, 2013
Série de 21 photographies
Tirage argentique d'après négatif sur papier baryté
8.3 x 8.3 cm
Née en 1960 à Nantes, vit à Paris
Un corps et un esprit, 2013
Série de 21 photographies
Tirage argentique d'après négatif sur papier baryté
8.3 x 8.3 cm
Vivianne Van Singer
Née en 1957 à Como, vit à Genève
Tutto Tutta, 2014
Mirroir sablé
Ed. 2 exemplaires + 1 EA
50 x 60cm
Née en 1957 à Como, vit à Genève
Tutto Tutta, 2014
Mirroir sablé
Ed. 2 exemplaires + 1 EA
50 x 60cm